Haïkus extraits de l’Anthologie « Dix vues du haïku » (36 haïkus de chacun de 10 membres actuels et anciens du Conseil d'Administration de l'AFH) Édition Association Française de Haïku – 2007 |
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matin naissant sur le flanc du pigeon
ouvrir l'agenda
la lune est ronde
le ballon passe d'un pied
à l'autre
Micheline Beaudry
elle se lèche l'index
la vieille dame
puis tourne une page du var matin
ses longs cheveux noués
son front
ses seins
André Duhaime
à la tombée du soleil,
les ombres s'allongent
derrière les tombeaux
horloge arrêtée
dans la salle d'attente croissent
les fleurs du papier peint
Klaus-Diether Wirth
Bien câblée au monde
- ne pas débrancher sous peine
d'électrocution
Tortue impassible
grignote un bout de salade
- redevient caillou
Catherine Belkhodja
dans le vieux sorbier
des grappes rouges enneigées
volée de gros-becs
parc du centre ville
parmi les sacs de poubelle
un sans-abri dort
Claude Rodrigue
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cerisier en fleurs -
une jeune fille retouche
son rouge à lèvres
les journées raccourcissent
elle fait mijoter la soupe
un peu plus longtemps
Jessica Tremblay
Marchant près du lac
un coup d'oeil en arrière deux
non rien rien du tout
Jeter un coup d'oeil
au ciel la lune est là
bon bon ça va
Jean Antonini
ménage du printemps -
par la fenêtre des nuages
pêle-mêle
lune pleine -
tes mains sur ma peau font
des ombres chinoises
Angèle Lux
Les choucas
agglutinés sur la nef
avant l'angélus
Dégel
Le babil des gouttières
et des mésanges
Henri Chevignard
Armagnacs -
après le cinquième
la lune plus ronde
cimetière de guerre
quatre gamines boudeuses
sous la pluie
Serge Tomé
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Haïkus extraits de "Prendre corps ou l'envers des mots" d'Antoine de Vial - Éditions L'Harmattan - 2007
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Le vent de mars
Est tendre
A l'épine noire en fleur
Moissonneurs de midi
Disloqués à l'ombre
Des tracteurs
L'encre d'un jour d'été
A séché :
L'atlas est ouvert
Entre les biefs
L'eau parfois
S'empare du ciel
Dans ta chambre vide
Je pèle une pomme
Juste cueillie
La bise délivre
Du joug des insectes
L'érable s'ouvre les veines
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La demi-lune a choisi
L'arbrisseau le plus sec
Pour se pendre
Le saule d'hiver
Calligraphe
Souple et triste !
Quel bonheur
Pour l'arbre mort
De voir bouger son ombre !
Les peupliers
S'inventent
Des généalogies de rivières
Au vent du petit jour
Le pin secoue
Sa dernière étoile
A tâtons
Dans les menthes :
L'aube
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